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03 DÉC. 2024

Dernière déclaration d'Alekseï Gorinov

03 DÉC. 2024

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SOTAvision

Le 29 novembre, le tribunal militaire de la garnison de Vladimir a condamné Alekseï Gorinov, ancien député municipal de Moscou, à une peine de 3 ans de prison dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité pour des accusations de « justification du terrorisme ». Lors de l'audience, Alekseï a prononcé sa dernière déclaration — nous publions son discours dans son intégralité.
« J’ai toujours été un opposant à l'agression, à la violence et à la guerre ayant consacré ma vie à des activités pacifiques : science, enseignement, instruction, gouvernance, je me suis engagé en tant que député, défenseur des droits de l'homme, membre de commissions électorales et observateur des élections. Et je ne pouvais pas imaginer que je verrais un tel niveau de dégradation du système politique et de la politique étrangère de mon pays, lorsque les citoyens qui se prononcent pour la paix et contre la guerre et qui se comptent déjà par milliers seraient accusés d’avoir calomnié les forces armées et justifié le terrorisme, et qu'ils seraient poursuivis pour cela.
La 3ème année de guerre touche à sa fin, la 3ème année de pertes et de destructions sur le territoire européen, de privations et de souffrances pour des millions de personnes, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Impossible de rester muet.
Fin avril, notre ancien ministre de la Défense a annoncé que les pertes de l’Ukraine dans ce conflit s'élevaient à 500 000 personnes. Réfléchissez-y un instant ! Et quelles sont, alors, les pertes subies par la Russie qui, selon les informations officielles, ne cesse de progresser avec succès sur l'ensemble du front ? Nous ne le savons toujours pas. Et qui aura à répondre de ces actes ? Ça sert à quoi, tout ça?
Notre gouvernement et ceux qui le soutiennent dans ses aspirations militaristes rêvaient de déclencher cette guerre - et voilà qu'elle arrive sur notre territoire. Je voudrais leur demander : est-ce que ça a amélioré notre vie ? Est-ce ainsi que vous comprenez le bien-être et la sécurité de notre pays et de sa population ? Ou bien n'avez-vous pas envisagé une telle évolution de la situation ? Pourtant, ce ne sont pas ceux qui ont organisé la guerre, qui continuent à tuer, qui font la propagande de la guerre et qui s'engagent dans le mercenariat qui répondent à ces questions. Ce sont nous, simples citoyens, qui élevons nos voix contre la guerre et pour la paix. Pour certains d'entre nous, ces réponses ont coûté la liberté, pour d'autres elles ont coûté la vie.
J’appartiens à la génération dont les parents ont participé à la Seconde Guerre mondiale ou ont survécu à toutes ses épreuves. La génération qui nous a déjà quittés nous avait légué la préservation de la paix comme la chose la plus précieuse sur Terre pour tous ses habitants. Mais nous avons négligé ses préceptes et dévalorisé la mémoire de ces personnes, victimes de la guerre.
Ma culpabilité réside dans le fait que, en tant que citoyen de mon pays, j'ai permis cette guerre, je n'ai pas su l'arrêter. Et je vous demande de le noter dans le verdict.
Mais je voudrais que ma culpabilité et ma responsabilité soient également partagées par les organisateurs, les participants, les partisans de la guerre, ainsi que les persécuteurs de ceux qui prônent la paix.
Je continue à vivre avec l'espoir qu'il en sera ainsi un jour. En attendant, je demande au peuple ukrainien et à mes concitoyens qui ont souffert de la guerre de me pardonner.
Dans le cadre de l’affaire où j’ai été inculpé et jugé pour avoir exprimé la position selon laquelle il fallait œuvrer à mettre fin à la guerre, j’ai pleinement exprimé mon attitude envers cette abjecte activité des êtres humains. La seule chose que je puisse dire, c’est que la violence, l’agression, à leur tour, ne font naître que les violences, et rien d’autre. Voilà la véritable cause de nos malheurs, de nos souffrances, de nos sacrifices dépourvus de sens, de la destruction des édifices civils et industriels et de nos maisons.
Mettons fin à ce massacre dont personne ne veut - ni nous, ni les habitants de l’Ukraine. L’heure n’est-elle pas venue de laisser nos voisins tranquilles et de nous charger de nos problèmes internes qui ne font que se multiplier? Il y a bien longtemps, nous avons déjà démontré au monde à quel point nous étions courageux, tenaces et paisibles. Peut-être que cela suffit ?
L. N. Tolstoï, extrait d'une lettre à son fils (1904):
" Pour moi, la folie et la criminalité de la guerre sont si évidentes qu'en dehors de cette folie et de cette criminalité, je n’y vois rien. "
Moi aussi, je souscris à ces propos de notre grand compatriote, et je les rejoins.
Rejoignez-les vous aussi ! »

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